Comment et pourquoi Antonio Machado est-il mort en France ?
En Espagne, la mémoire du poète Antonio Machado reste intacte. Le membre le plus connu de la Génération 98, un mouvement littéraire espagnol de la fin du 19e siècle est Séville en 1875. Passionné de littérature dès le plus jeune âge, il publie ses premiers poèmes à 26 ans avant de devenir professeur de français. Comme beaucoup d’autres Espagnols, il se résout à quitter son pays lorsque Franco accède au pouvoir à la fin de la Guerre civile d’Espagne. Militants politiques, résistants, professeurs, artistes et écrivains traversent les Pyrénées. Accompagné de sa mère et de deux de ses frères, Antonio Machado passe la frontière le 27 janvier 1939 avant de s’installer dans l’hôtel Bougnol-Quintana à Collioure, dans les Pyrénées orientales. Il est alors gravement malade et décède moins d’un mois plus tard, le 22 février 1939, faisant de Collioure sa demeure pour l’éternité.
Collioure, la dernière demeure de Machado
Antonio Machado repose aujourd’hui aux côtés de sa mère dans le vieux cimetière de Collioure, charmante petite ville côtière en bord de mer. Certains souhaitaient le voir inhumer à Paris avec les honneurs, mais sa famille a préféré le voir rester à Collioure, suite à l’une de ses dernières prises de parole. Désignant quelques petites cabanes de pêcheurs le long de la plage, il dit à son frère Manuel : « Quiconque pourrait vivre derrière une de ces fenêtres, libre maintenant, de tous soucis ».
Depuis, sa tombe est un lieu de pèlerinage pour ses admirateurs qui apprécient son héritage humain et poétique et ses prises de positions républicaines. On y trouve toujours des fleurs, des poèmes et drapeaux espagnols. Elle rappelle ainsi l’exil qu’a vécu des milliers d’Espagnols fuyant la guerre d’Espagne puis la dictature franquiste.
L’art et l’exil à Collioure
Collioure a vu passer d’autres Espagnols en exil. À peine un mois après la mort d’Antonio Machado, le Château royal de Collioure est d’ailleurs devenu le premier camp disciplinaire destiné aux réfugiés de la guerre d’Espagne. Pendant 9 mois, des réfugiés espagnols y furent séquestrés.
Mais la ville a aussi été marquée par de nombreux artistes qui appréciaient la lumière onirique et les couleurs vives à la mer Méditerranée. Matisse et Derain y créèrent le fauvisme. Picasso, Braque, Dali et Chagall y sont passés. Les peintres les plus célèbres du début du 20e siècle ont fait de Collioure la cité des peintres.
Le poète natif de Séville a quant à lui passé ses derniers jours à se promener dans les rues aux maisons colorées, le petit port de pêche pittoresque et sur les plages de Collioure, faisant face à l’immensité du bleu azur de la mer Méditerranée.
Les amateurs de poésie et d’art sont toujours émus lorsqu’ils arrivent dans la ville lumineuse et vivante qu’est Collioure. Elle abrite la tombe d’Antonio Machado et garde en mémoire le souvenir du grand poète espagnol.